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TANTE GERTRUDE

arrivant en vacances, ne trouvât pas quelque cadeau du vieux seigneur. Cette fois il s’était surpassé, et la fillette en entrant dans le petit salon aux meubles garnis de cretonne claire, ouvrit de grands yeux étonnés.

— On ! Jean, tu as acheté un piano ? demanda-t-elle en joignant les mains dans son ravissement.

— Non, Madeleine, mes moyens ne me permettent pas ce luxe. Ne devines-tu pas qui l’a fait mettre là ?

— Le prince ?

— Oui, mignonne, c’est à lui que tu dois cette surprise.

— Où est-il ? que je coure le remercier. Vite ! vite ! Mais qu’ai-je fait de mon chapeau ? je l’ai accroché quelque part et je ne le trouve plus. Gontran, as-tu vu mon chapeau ?

Le jeune garçon qui venait d’entrer sourit à la question ; il était si bien habitué à rechercher toute la journée ce que l’étourdie laissait dans les coins.

— Ne te dérange pas, dit Jean, c’est inutile. Le prince est malheureusement fort souffrant depuis huit jours, et il ne peut quitter Bruxelles.

— Quel dommage ! Pourquoi les bons souffrent-ils ? Et cette question l’ayant soudain rendue pensive, la fillette resta un instant silencieuse. Puis, se reprenant, elle continua :

— Je vais lui écrire une longue lettre dans laquelle je mettrai tout mon cœur pour le remercier. Mais, auparavant, allons voir tous mes amis. Viens-tu, Gontran ?

Et la petite, prenant son frère par le bras, l’entraîna dehors à la recherche de ceux qu’elle appelait ses amis et qui n’étaient autres que tous les animaux domestiques du Castelet.

Jean, resté seul, se dirigea vers la pièce qui lui servait de cabinet de travail et, s’asseyant à son bureau, il s’apprêta à revoir quelques comptes de fermage à régler.

Par la fenêtre ouverte, le rire frais et sonore de Madeleine lui arrivait, et il pouvait entendre ses réflexions :

— Si Jean était riche, je lui demanderais de