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Page:Neulliès - Tante Gertrude, 1919.djvu/60

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TANTE GERTRUDE

M. de Lanchères, qui l’observait, s’en aperçut.

— Qu’y a-t-il, chère ? demanda-t-il en venant auprès de Mme Wanel, vous avez l’air préoccupée. Est-ce que l’arrivée de cet intendant ? interrogea-t-il à voix basse…

— Cet intendant ? interrompit la jeune femme d’un ton bref qui augmenta encore l’étonnement de son fiancé. Que m’importe ? Pouvez-vous supposer que je lui fasse l’honneur de m’occuper de sa personne ? Venez, Pierre ! Allons voir mon portrait auquel Thérèse travaille depuis huit jours ! continua-t-elle, de sa voix redevenue câline ; vous me direz si je suis ressemblante.

Jean Bernard eut bien des distractions, ce soir-là, comme il était assis dans la pièce qui lui servait de bureau, occupé à réviser tous ses comptes de la journée. Il avait laissé causer la vieille bonne qui le servait, et il avait bientôt appris tout ce qui pouvait l’intéresser. Zoé, bavarde comme le sont généralement les gens de cette classe, lui avait raconté en détail le mariage de Paule, la fin tragique de l’industriel, le testament original de M. de Neufmoulins — un bon homme, selon Zoé, mais un peu toqué ! Il ne pouvait pas en être autrement d’ailleurs, déclarait-elle ingénument, car ils le sont tous dans la famille ! Monsieur l’intendant avait dû s’en apercevoir en causant avec Mlle Gertrude ? — Il avait su ensuite la fureur de cette dernière en se voyant frustrée d’un héritage sur lequel elle avait toujours compté, ses récriminations et ses manœuvres pour empêcher sa nièce d’accepter.

— Ce n’est pas une mauvaise personne que not’ demoiselle, mais elle n’est pas commode ! Bah ! elle n’avait pas tant besoin de se faire de bile, puisque Mme Wanel et M. de Ponthieu refusaient l’héritage en question ! M’est avis, pourtant, que si ce neveu de monsieur avait connu not’ Paulette, il n’aurait bien sûr pas refusé ! Et il lui aurait rendu un fameux service, à la petite, car ce Lanchères qu’elle va épouser ne me dit rien de bon ! Il ne plaît guère non plus à Mlle Gertrude, qui ne se cache pas pour le lui donner à entendre !

Jean Bernard avait ainsi appris tout ce qui lui