Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 1.djvu/156

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adresse, est humainement impossible ; mais s’il y a au monde une chance de salut pour cette armée que ta volonté a fait sortir de l’Égypte, il t’appartient de la procurer. Pour nous, abandonnant toute autre espérance et tout remède, nous ne nous confions qu’en toi seul, et nous avons les yeux sur tout ce que ta providence fera pour nous dérober à la colère des Égyptiens. Qu’il arrive promptement ce secours qui nous manifestera ta puissance ; relève ce peuple que le désespoir a fait tomber dans le pire abattement, rends-lui l’ardeur et la confiance en son salut. Ce n’est pas un domaine étranger pour toi que l’impasse ou nous sommes ; elle t’appartient la mer, ainsi que la montagne qui nous environne ; elle peut s’ouvrir sur ton ordre, et la mer se changer en terre ferme, et nous pouvons nous enlever dans les airs, s’il te plaît d’employer ta puissance à nous sauver de la sorte ».

2[1]. Après cet appel à Dieu, il frappe la mer de son bâton. Celle-ci, sous le choc, se divise et, se retirant sur elle-même, quitte son lit par où les Hébreux pourront passer et s’enfuir. Moïse, voyant que Dieu intervient et que la mer a fait place pour eux à la terre ferme, s’y engage le premier et ordonne aux Hébreux de le suivre dans ce chemin ouvert par Dieu, en se réjouissant du péril où sont leurs ennemis qui arrivent et en rendant grâce à Dieu du salut qu’il a fait luire d’une manière si inconcevable.

3. Ceux-ci, sans plus hésiter, s’élancent allègrement, forts de l’assistance divine, et les Égyptiens croient d’abord qu’ils sont atteints de folie pour se précipiter ainsi vers une mort certaine ; mais quand ils les voient très avancés sans aucun mal, sans qu’aucun obstacle, sans qu’aucun accident les arrête, ils s’élancent à leur poursuite, pensant que la mer demeurerait tranquille pour eux aussi ; ils placent en avant la cavalerie et se mettent à descendre. Mais les Hébreux, pendant que leurs ennemis s’arment et perdent leur temps à cette manœuvre, vont de l’avant et s’échappent vers la rive opposée, sans aucun dommage ; cela ne fit que stimuler l’ardeur des ennemis à leur donner la chasse, car ils pensaient aussi s’en tirer sans perte. Mais

  1. Ex., XIV, 21.