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Chapitre II
Lendemain de massacre

Le lundi matin, Paris avait l’aspect fébrile des grands jours. Un soleil rougeâtre perçait avec peine le ciel gris et bas. Le vent soufflait par rafales, apportant de l’est une cinglante froidure. On eût dit que l’atmosphère reflétait l’état d’âme du peuple : en lui roulaient des pensées, sombres et tumultueuses, que le vent de la colère faisait présager grosses de révolte.

Dès patron-minette, la foule des faubourgs avait déambulé moins compacte que d’habitude. Les wagons du métro, les autobus, les tramways étaient moins bondés.

Les ouvriers qui, par accoutumance, avaient quitté leur logis pour se rendre au travail lisaient avidement leur feuille quotidienne, achetée au kiosque, fraîche sortie des rotatives, maculant encore et traînant après elle l’odeur fade d’encre d’imprimerie.

Des pressentiments pénibles, une vague anxiété s’épandaient, serrant les cœurs, crispant les visages.