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SABBAT

tallique des guerres, la haine, le viol et les loups se jettent sur les mêmes proies. Je veux voir, à la fois, le violet des chasubles et celui des stupres mentaux, le blanc des pires souillures et celui des colombes que nourrit l’éternité des poètes… Fais-moi connaître le vert de toutes les putréfactions : celle du chien noyé, celle du cadavre qui éprouve, peut-être, de la volupté aux caresses des larves, celle de Jéhovah qui finit, tant il en invente, par être dévoré par les sauterelles… Satan.

Je t’en supplie ! Que je satisfasse absolument cet amour détestable que j’ai pour la présence du poison. Fais-les-moi tous sentir et toucher, dans leurs mille cellules pensantes, et que les fleurs vénéneuses, filles du soleil et de la mort, s’inclinent, une à une, sur mes lèvres, avec des sifflements de vipères soûles… Satan.

Ouvre, pour moi, ces écuries où la décadence des Empires se vautre quand, las d’inquiétudes et de blasphèmes, les Nabuchodonosor se réjouissent de n’apporter, au néant et à sa pourriture, que la carcasse d’un pourceau… Satan.

Offre-moi, comme autant d’enfers, les cœurs que j’ai pavés des braises de mon désir, et jette, enfin, dans mes bras, l’Être que je me suis refusé jusqu’à présent car nous n’étions pas dignes, encore, lui et moi, du