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SABBAT

pareil légal. La dame de qualité pense à sa nuit de noce. Et que veux-tu ? Elle a le souvenir mathématique, cette charmante femme. Ne te rappelles-tu pas, toi, avec une précision qui me ravit, les cornes d’un certain grillon qui sortait de son trou poudré d’or, dans le voisinage rose d’une pivoine quinze fois multipliée ?

— Oh ! ce grillon !

— « Oh ! cette… chose ! » dit la dame de qualité, et, prête à vomir, elle se pâme d’aise.

Toi, prête à pleurer, ne te pâmes-tu pas d’aise, aussi ?

Pourquoi serais-tu moins émue que la dame de qualité qui exècre, en ce moment, la hâte congestionnée de l’époux ? Pourquoi serais-tu moins troublée qu’elle, toi qui, en ce moment, adores une pelouse d’où ton premier grillon surgit, ton premier démon de bronze et de musique ?

La dame de qualité enfouit, à présent, son rose visage bien portant dans le poil de la chère antilope, et que dit-elle ? Elle dit : « Non ! Non ! Il ne me touchera pas. Il ne caressera pas la veine de mon cou d’un doigt qui tremble et qui supplie. Il ne suspendra pas, au lobe de mon oreille exquise, sa concupiscence qui coûterait cinq sous, dans un bazar, si la concupiscence était vendue aux rayons de la pacotille. Puisque je lui refuse l’entrée de ma maison, il ne pourra pas, ce garçon qui fait ses Pâques, songer, chez moi, en soupirant de contrition anticipée, à son