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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/152

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SABBAT

la tumeur d’Hortense. Jusqu’où son maître pouvait-il être maudit ? Je ne sais plus. Qu’importe ! Le mamelon se prit, et le cancer, au bout de deux ans, comme moi j’étais un beau Juge ventru et solennel, fut un beau cancer solide et raciné comme du chiendent.

Il faut, démone, qu’un jour je fasse pleurer de dépit le riche qui pense, parce qu’il a une superbe créature, au bras, un carrosse, à la porte, et la jeunesse sur la gueule, être un privilégié. — Vermine ! Vermine ! Et ton âme ? Et sa pâture ? Et le mal profond des ardents ? — Il faut que je confonde le savant qui croit effleurer, parfois, sur sa cornue, l’ombre de ma corne. — Poussière ! Poussière ! Que connaîtras-tu tant que tu n’auras pas fait bouillir tes creusets au soleil de ma folie ? — Il faudra que je danse, en robe rouge, une nuit, devant l’étoile que l’astronome ne cesse pas de surveiller depuis qu’il est… idiot, c’est-à-dire astronome : « Elle approche… Elle est là… Voici 365 siècles que… »

Imbécile ! Je te la ravirai, cette étoile qui se fout de toi, et je la planterai au cœur d’Hortense.

Salut Hortense !

N’est-ce pas qu’elle est belle, ma possédée ?

Un soir — il y avait trois mois qu’il l’occupait — le Juge lui dit :

« Couchez-vous avec moi.

« — Oui, monsieur. »

Six mois plus tard :