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SABBAT

table renversée… Le breuvage offert, mais pas l’amphore gisante. La rose que les danseurs ne piétinèrent pas.

Non ! Ce n’est pas la possession que ces corps enlacés d’où émanent, à l’instant détestable, le musc et la haine des bêtes félines. Non ! Ce n’est pas l’ivresse ces lèvres qui se baisent, mais s’injurient tout bas…

Le plaisir a je ne sais quelle médiocrité canaille de coiffeur empesté de jasmin. Et vous pouvez me donner, ô faubourgs, votre orgue de Barbarie et votre printemps élégiaque, je n’en oublierai pas votre poussière et vos boîtes à ordures, car — despotisme de nos pressentiments ou de nos réminiscences ! — le plaisir, ce sera, toujours, pour moi, la chambre garnie dans un quartier suburbain.

Ah ! le couple ! Si nous voulons être édifiés, approchons-nous de lui. Pour ma part, ne suis-je pas, en sa présence, incommodée jusqu’au malaise par ce mensonge si vénéneux qu’il se trahit par son odeur ? Ainsi, ces fleurs empoisonnées qui vivent entre deux pierres.

Les plus purs des amants, ce sont encore ceux qui se pourvoient de vengeance à bon marché : mort aux rats et vitriol…

Mais, dis, qui a vu l’amour dans ce monde ? En toute sincérité, pas moi.