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SABBAT

vous ! Je palpiterai, charmante et funèbre, autour de vous, jusqu’à ce que vous appreniez la grâce et l’entêtement divin du grand paon qui veut les corolles nocturnes.

Ne me résistez pas. À quoi bon ? Vous seul pouvez emplir mes greniers : je vous somme d’approcher, ma récolte. Vous seul pouvez me couvrir du rêve agréable à toutes les saisons : je vous commande d’avancer, mon vêtement. Vous seul pouvez chausser mon pied impatient et joyeux : eh ! venez vite, ma sandale. Vous seul pouvez sacrer mon front maudit : il vous attend, mon saint parfum.

— Vous m’épouvantez. Je vous l’ai dit cent fois. Je vous résiste, je vous résiste, je vous résiste…

— Résistez, s’il vous plaît, à l’Océan, mais pas au pirate ; à la mort, mais pas à la musique ; à la guerre, au déluge, au cyclone, au loup, au crocodile, à l’aurochs, mais pas à l’amour !

— En pensant à vous, tant je tremble, je ferme les yeux.

— C’est pour mieux me voir, mon enfant !

— J’ai peur, en vérité, j’ai peur…

— Comme nous sommes assurées de notre victoire, n’est-ce pas, mes sœurs, ô grandes filles de la délivrance ? Horizon en marche et désert rapide, nous ne poursuivons et ne cernons que les fuyards.

— On m’a dit que vous étiez…

— Quoi ? Et qui s’est permis de vous par-