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SABBAT

morceau de drap entre mes seins glorieux et sur mon dos adolescent.

Finalement, nous faisions horreur au soleil et aux quelques fleurs qui consentaient encore à folâtrer par là.

Mais, à présent que je n’ai plus de ferveur que dans mes défis et mes chansons, à la bonne heure ! Nous voilà bien portants. Ennemis toujours ? Oui ; mais bien portants.

Je dois vous avouer que c’est à la musique de la colère que je danse le plus volontiers, et que les malédictions qu’on me lance, étant donné que mon front est fier, me font des cornes de rubis dont je suis passablement fière.

Une ivresse triomphante et joyeuse qui s’apparente aux sifflements des fouets et aux cris désaccordés du vent, m’anime quand vous avez envie de me tuer, c’est-à-dire de me donner bel et bien une gifle, et vous n’avez, mon frère, qu’à admirer, alors, les rayons de mes joues et la violence rose qui m’environne.

Laissons la pitié aux gestes des fileuses. Moi, je suis la Parque bondissante et folle. Qu’importe les fils que je romps : mes ciseaux sont si brillants !

Oui, mon frère, entre les êtres, il n’y a de profond que le jeu, l’adorable jeu qui s’inspire de la surprise que, chaque fois, la fleur fait au soleil, en s’ouvrant, et de la stupeur