Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
240
SABBAT

Pas de potages chez moi, rien que des fruits ; et, aussi, droite, haute, solide, pure, fière, étincelante, la coupe que je brise, parfois, sur la gueule d’un dieu.

Les vertus n’ont que des coiffes d’épicières ou de reines-mères. Ah ! jetons nos cheveux au vent, et regardez-moi nue, c’est-à-dire indisciplinée, méchante, capricieuse, folle, inspirée, curieuse et fuyante, provocante, douce et fleurie, et, ainsi, agréable aux chattes joueuses et aux colombes printanières.

Et, en vérité, mon frère, quand la simple vie nous est assurée, nous tous, nous n’avons besoin ni de tentures de velours, ni de coffre bardé de fer, ni de bibliothèque de palissandre, ni de service à découper, ni de servantes à tout faire, ni des conseils des apothicaires, ni des faveurs de l’obésité officielle, ni de l’espérance grelottante qui soupire au fond des bénitiers, ni de mausolées, ni de carrosses, ni de ceci, ni de cela, ni de rien, ni de personne, sauf… de colombes et de chattes.

Et, sur ce, voici mon aile sur votre front et ma griffe dans votre cœur.