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Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/276

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SABBAT

n’eus que la flamme ; mais dès que j’ai compris, en les voyant se dérober, que je voulais autre chose de plus certain, j’ai su que j’en aurai l’âme.

De ton cœur, quand je l’effleurais, je n’eus que la chaleur ; mais dès que j’ai compris, en le voyant me trahir, que je voulais autre chose de plus insaisissable, j’ai su que j’en aurai la vie.

De ton existence, quand je la possédais, je n’eus que l’heure ; mais dès que j’ai compris, en la voyant s’écouler, que je voulais autre chose de plus durable, j’ai su que j’en aurai l’éternité.

Ainsi, ce que tu peux appeler tes triomphes, a assuré le mien, et j’ai appris que c’est en nous échappant que nos aimés nous apprennent combien nous les voulons. Dès lors, ils sont à nous.

Plus habile, tu m’aurais obéi, et, de cette façon, ma domination satisfaite se serait complue dans sa limite, comme les rois de ce monde.

Mais, imprudent, tu m’as résisté combien de fois ! Me voici donc redoutable. Les glaives brisés ont la noblesse des soleils qui ont combattu, et je me sers de l’acier de mes dépouilles pour aiguiser mes armes neuves.

Vaincue à ***, battue à ***, blessée en plein cœur à ***, laissée pour morte à ***, ne crains rien : je sais ce qu’est la guerre, je veux dire la victoire.

Et maintenant, et maintenant que, t’ayant