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SABBAT

La sorcière. — Et, moi, je lui arrache les tripes, et…

Satan. — Eh ! là… Eh ! là…

La servante du curé. — Satan ? Méfiez-vous de lui, dans les couloirs : quelle engeance, le cancrelat et le courant d’air !

Byron. — Je buvais du Malvoisie, dans un crâne, en invoquant Satan.

Satan. — C’est curieux, comme le romantisme fut inoffensif.

Baudelaire. — Satan ? Regardez-moi : un mystificateur verdâtre et désespéré.

Satan. — Cher Albatros !

Fra Angelico. — J’ai peint des vierges si pures que le ciel n’en a pas voulu.

Satan. — Parbleu ! Elles m’étaient destinées. Le Moyen-Âge m’a compris.

La courtisane. — Ce collier compte dix rubis : je mets dix fois le rire de Satan autour de mon cou.

La topaze. — C’est d’une injustice révoltante ! Quand je pense que je suis le regard même de Satan, moi !

L’émeraude. — Et, moi, sa glorieuse douceur lorsqu’il médite !

Le diamant. — Et, moi, son insolence aux mille feux !

Sainte Thérèse. — Il est des diamants noirs qui ne songent pas qu’à Dieu, dans les cloîtres…

Satan. — Quoi ! Cette nonne aussi ? Qui est-ce qui viendra à mon secours ?