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SABBAT

vions, alors, qu’elle possédait de ravissants yeux bleus.

Oublierai-je Madame saint Maurice, cordiale, intelligente, généreuse, en tous lieux, sauf, le soir, au dortoir ? Là, quand nous nous déshabillions, qu’il s’agissait, pour nous, de nous précipiter vers la secrète « petite chambre », et que la trompette d’Absaroth résonnait à ses oreilles, elle éteignait brusquement le gaz, frappait son sein creux d’un poing sonore et vociférait des litanies à la chasteté qui, par réflexe, nous faisaient songer au libertinage.

Je dois, encore, citer Madame sainte Agathe, momie et guenon, yeux jaunes et peau jaune, correcte, insensible, posant le même regard fixe et luisant sur l’ostensoir, à la chapelle, et sur le bain de pieds des enfants, à la buanderie… Madame saint Lucien si dure aux orphelines, avec une face camuse, sylvestre et brune, mais couvrant de fanfreluches blanches et bleues sa nièce, cette sanguine et coléreuse Marie-Thérèse, consacrée par la marâtre faunesque à la « bonne Mère » de tous.

Et place à Madame sainte Marie du Jourdain ou du Liban — je ne sais plus — aux yeux de veau supplicié, à l’odeur néfaste, qui, la cinquantaine dans sa rotondité flasque et sa hauteur démesurée, taquinait, dans un rondeau, les « fâcheux » trente ans d’une de ses sœurs en religion, célébrait, dans un madrigal, les épousailles d’une novice encore un