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SABBAT

bres yeux effroyablement beaux, à la parfaite et minutieuse prononciation dentale, et mauvaise, mauvaise, mauvaise — ah ! la garce ! — comme le silence d’une cellule qu’on n’aime plus, et, vipère voilée, dans les glandes de sa mâchoire plate, fabriquant du poison à l’ombre de la croix…

Sans âme, presque toutes, ces saintes, ainsi que ceux qui ne travaillent qu’à leur salut éternel. Pas de flancs, et, pourtant, obèses : ballons de bure. Pas d’os, et, pourtant, étiques : fantômes de cachemire noir.

Et, pourtant, parmi ces cigales du cantique, ces moustiques exaspérés autour des cierges en feu, ces taupes du chemin de croix, ces fourmis dévorantes de la récolte suprême, ces chenilles de la rose du matin, ces termites des parvis sacrés, voici Madame sainte Joséphine qui rêvait de toute sa blancheur épanouie et lasse, voici Madame sainte Anne qui n’était qu’aristocratie mystique, que jeunesse, sagesse, mais désespoir. Je baisais les mains de celle que j’appelais : « Sainte Douleur ». Je regardais mourir de regrets, de musique et de ses grands yeux noirs celle que j’appelais : « Sainte Cécile ». Pauvres vases d’élection remplis par les larmes des vies manquées !

Deux ou trois religieuses, harmonieuses dans leur vocation, aimaient les enfants, les myosotis, la méditation, le sourire, le rayon du soleil sur leur cornette blanche, le pas de Jésus dans leur cellule…