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SABBAT

S’employer religieusement à rendre dignes de la recherche et de la possession de Dieu les jeunes âmes qui, fatalement, mais… plus tard, ont faim de Dieu.

— Une religion pour chacun, alors ? Nous avons été élevés dans celle-ci. Nous l’observons, et remarquez qu’elle n’est pas incompatible avec les soins que nous demandent notre ménage responsable de trois domestiques, l’établissement de nos fils, le mauvais caractère de nos brus, nos héritages et nos rhumatismes, la considération que nous tenons de nos biens fonciers et de nos défunts vidames, avec la prospérité de notre usine, le renom de notre étude…

— Chers notaires prédestinés !

— Ce que nous savons, c’est que nous devons vous damner, nous qui n’avons pas…

— Ces soleils dévorants dans l’âme. Vous devez me damner, vous qui, une fois l’an — au moins — pour être en règle…

— Parfaitement : pour être en règle.

— …Allez raconter vos médiocres turpitudes à la robe qui est toujours la même sur celui qui prise, mange trop, pèche, blesse la pureté des vierges, ouvre la géhenne à des âmes d’écoliers, plaisante avec puérilité et bonhomie ou assiste, indifférent et machinal, ceux qui font le dur labeur de suer une dernière fois…

— Nos directeurs de conscience ne peuvent pas tous être des François de Sales… Mais point de salut…