Aller au contenu

Page:Picard - Sabbat, 1923.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
63
SABBAT

que la ressource parfaite et la fin des fins sont, pour elle, dans l’inconscience et l’activité de son repos.

Qu’une fleur se présente à elle et lui montre ce qu’elle peut cacher de poussière féconde dans son silence parfumé, et la sorcière devient fleur.

Qu’un papillon palpite, indéfiniment, sur la même rose, avec la frénésie, l’hébétude enivrée d’un maniaque au désespoir, et la sorcière sait que les antennes vont plus loin que les flèches et les scalpels.

Qu’un buisson désire le printemps de toutes ses épines, déjà rouges d’un corail qui pleure, et la sorcière est, soudain, le nid de ce buisson, c’est-à-dire trois œufs et quatre ailes.

Que le bronze s’émeuve, et la sorcière appartient à la sonorité de tout son cœur massif et lent.

Que le poison végétal révèle sa présence à la sorcière, et celle-ci s’emploie, aussitôt, au crime embaumé et clandestin dont la consommation la rend plus soûle que la mandragore au soleil.

Qu’une musique vive, et la sorcière, au dernier accord, est plus harmonieuse que l’eau qui coule sur les pieds des douces présences forestières.

Qu’un dieu descende, et la sorcière monte à sa place.

Qu’un danseur use sa langueur dans le rythme sacré, et la sorcière a l’air, plus que lui encore du serpent amoureux des flûtes.