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Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/356

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elle, tu as donc quelque chose, tu me grondes et tu cherches à m’avilir davantage. Ton mari ?…

Il s’arrêta, la regardant fixement.

— Sans doute, mon mari : je viens d’être sa femme ! As-tu supposé que M. le baron de Caumont avait de la dignité ? Il ne m’a pas tuée, le reste est arrivé par surcroît… les hommes sont très forts !

Paul Richard faillit hurler de désespoir. C’était à présent que la honte l’empoignait, car il serait encore moins fort que l’époux.

Il accepta ces billets de banque, se réservant de les dépenser seulement pour elle, il ne s’occuperait plus de son diplôme de médecin et irait au métier qui lui fournirait tout de suite du pain.

Ils demeurèrent silencieux, le front bas, n’osant pas se toucher, craignant d’avoir envie l’un de l’autre dans le souvenir brutal de la rentrée en possession du mari.

— Oh ! cria-t-il, crispant ses poings, s’il pouvait mourir comme ton oncle, je ne le pleurerais pas, tu sais !…

Elle le quitta, très sombre, emportant ce cri d’amour au fond de ses oreilles.

— Madame, lui chuchota le cocher, s’autorisant d’une position critique pour lui donner des conseils, je crois bien que ce jeu-là est dangereux, Monsieur n’est pas de la première verdeur, pourtant il finira par s’apercevoir que vous désertez… Il se réveillera ou on le réveillera et nous serons fichus.