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Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/369

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vraiment au-dessus de ces faiblesses-là ; une piqûre, une perle empourprée, c’est peu de chose en comparaison du plaisir charmant qu’elle ressentait.

Docile, se moquant avec elle de ses révoltes, il lui tendait ses bras pour qu’elle s’amusât à les labourer d’une épingle à cheveux, une pointe de métal cuivrée très mauvaise, elle le tatouait de ses initiales, appuyant d’abord doucement, puis écrivant la lettre dans la chair vive, l’empêchant de fuir en lui donnant un baiser par écorchure. Cela semble si naturel aux fervents de l’amour d’expier toujours des crimes imaginaires ! Ne l’avait-il pas violée lors de leur premier rendez-vous ?…

Et elle était si belle quand elle bégayait ces phrases magiques :

— Tu es mon mari, toi, je te mettrai à sa place… tu verras… je t’épouserai. Nous n’aurons jamais d’enfant !

La voix lui manquait pour crier merci ! il le lui disait des yeux, retenant ses larmes.

Un matin, Mary revenait de la rue Champollion, elle rencontra le coupé du baron, son coupé à elle, qui longeait le jardin du Luxembourg. Elle n’eut que le temps de se rejeter en arrière, mais la glace de la portière s’abaissa, une tête de femme sortit effarée. C’était la comtesse de Liol.

— Ah ! quelle plaisanterie, comtesse ! vous, à six heures, dans ma voiture ! Où allez-vous ?

— Montez !… dit la jeune veuve toute frissonnante… Avant de vous demander pourquoi je vous