Aller au contenu

Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/391

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs déploiements de duplicité pour aboutir à des diamants ou à des maisons de tolérance.

Au fond, elle sentait que l’honnêteté et la sanité sont des merveilles, elle aurait voulu un pays comme la France des jours héroïques, alors que ni la Bourse ni la Morgue n’étaient le rendez-vous de toutes les classes, mais, ne visant point à la dignité de chargée d’affaires du Créateur, elle laissait, avec un ennui mélangé de dédain, couler la Seine dont le flot est épaissi par la décomposition des batailleurs qui ont lutté jusqu’au suicide.

Et la nuit ramenait ses dévergondages de curiosités bestiales, ses courses dans les ruelles empestées d’odeurs vicieuses, sous le domino, en carnaval, ou dans la jupe d’une grisette, aux saisons moins compliquées, s’appuyant à la hanche du dernier vainqueur, qui était bien plus un vaincu, et qu’elle choisissait à la fraîcheur du teint sans lui demander son avis, sans lui permettre de la questionner ; elle allait, infatigable, se grisant de ce mauvais vin qu’on appelle l’émotion forte et qui n’atteignait, en elle, que la moitié de sa raison. Parfois, une plaie nouvelle sortait hideuse des brumes, et elle la touchait de son index rageur, la fouillant avec un plaisir éclatant en traits d’ironie.

Une nuit, elle voulut quand même se faire inscrire au registre d’un hôtel garni dont la réputation était horrible. De leur chambre, ils entendirent bientôt des pleurs de femme qu’on criblait de coups. Elle se leva, les narines ouvertes, flairant