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Page:Rachilde - La Marquise de Sade, 1887.djvu/393

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un dernier gouffre, plus nauséabond et plus puant le crime que tous les autres, et ce gouffre était à sa porte, il conservait un aspect de gaieté légère qui avait trompé son flair de sadique. Une nuit de carnaval, elle revenait de l’Opéra avec des journalistes quelconques, lorsqu’elle eut la tenace volonté de descendre prosaïquement à Bullier, malgré les réflexions maussades de ces messieurs. Il fallut s’entendre huer par certains étudiants, êtres d’une désespérante banalité, se servant des scies les plus grossières et perdant, en chaque soirée de bocks, leurs allures de frondeurs spirituels des temps de Murger ; il fallut écouter les menaces des grues, moins bien grimées que de l’autre côté de l’eau et tout aussi mangeuses d’argent. Les journalistes grommelaient des phrases équivoques ; Mary, drapée de son domino de velours sombre, le loup collé à la face, les suppliait de prendre patience, ils souperaient à l’aurore, voilà tout, et ils pensaient bien que les gens de la baronne de Caumont savaient se servir des réchauds. D’abord, elle fut saluée par de véritables hurlements ; le domino à Bullier, c’était une aristocratie intolérable. Elle eut de la peine à se caser dans les galeries, ayant autour d’elle ses invités frémissant de dégoût.

Cette femme, exquise à table et généreuse de bourse, leur paraissait maintenant tout à fait ignoble avec ses débauches crapuleuses… Si cela continuait, elle les exposerait à des gifles pour leur plus grande gêne, car on ne se battrait pas en son honneur. L’hon-