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monsieur vénus

n’est qu’une dégradante torture que tu subis parce que je te paye. Eh bien, je te rends ta liberté. J’espère que tu sauras en user pour me reconquérir… si tu m’aimes.

Jacques s’appuya au chevalet qui était derrière lui.

— Moi, je refuse, dit-il amèrement.

— Par exemple ! Tu refuses de m’épouser ?

— Je refuse de me réhabiliter, même à ce prix-là.

— Pourquoi ?

— Parce que je vous aime, comme vous m’avez appris à vous aimer… que je veux être lâche, que je veux être vil et que la torture dont vous parlez, c’est ma vie, maintenant. Je retournerai dans une mansarde ; si vous l’exigez, je redeviendrai pauvre, je travaillerai, mais quand vous voudrez de moi, je serai encore votre esclave, celui que vous appelez : ma femme !

La foudre tombant devant Raoule ne l’eût pas plus bouleversée.

— Jacques, Jacques ! tu ne te souviens plus de tes premières étreintes, alors ? Songes-y donc ! être mon mari ; pour toi,