Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xiv
préface

qu’elle a recueilli sous prétexte de charité. Et le pauvre mâle humilié, s’agenouille sur la traîne de la robe de Raoule, et sanglote. Car, Rachilde le dit excellemment, il était fils d’un ivrogne et d’une catin, son honneur ne savait que pleurer. Ce M. Vénus, absolument désexué de caractère par une suite de procédés ingénieux, devient la maîtresse de Raoule. Je veux dire qu’elle l’aime, l’entretient et le caresse, qu’elle s’irrite et s’attendrit auprès de lui, sans jamais céder au désir qui la ferait aussitôt l’inférieure de ce rustre, près de qui elle se plaît à frissonner, mais qu’elle méprise. Elle définit son goût d’une façon admirable : « J’aimerai Jacques comme un fiancé aime sans espoir une fiancée morte. »

Voilà le thème de ce roman, tel que je l’admire, — dépouillé des équivoques qui ne font que diminuer l’œuvre et qui se sentent trop de l’ignorance d’une vierge, d’une vierge qui se mêlait, je crois, de ce qu’elle n’avait pas regardé. Il assure à Rachilde