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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/163

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monsieur vénus

était au mois d’août, un orage se préparait. De Raittolbe ouvrit le vitrage de l’atelier et plongea son front dans l’air plus chaud encore que le lit de Jacques. Il crut respirer du feu.

— Au moins est-ce un feu naturel, pensa-t-il.

Lorsqu’il fit volte-face, le jeune peintre l’attendait enveloppé des longs plis d’un vêtement presque féminin ; son visage pâle dans les ténèbres lui fit l’effet d’une face de statue.

— Jacques, fit le baron d’une voix sourde, est-il vrai que Raoule désire vous épouser ?

Oui, monsieur, comment le savez-vous ?

— Que vous importe ! Je le sais, cela suffit ; je sais même pourquoi vous avez refusé. C’est très noble d’avoir refusé, monsieur Silvert (et de Raittolbe eut un rire méprisant) ; seulement, après louable effort de dignité, vous auriez dû vous retirer complètement du soleil de Mlle de Vénérande.

Jacques, harassé de fatigue, se demandait qu’est-ce que le soleil pouvait faire dans