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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/18

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préface

qu’elle esquisse une théorie de l’amour, ni psychologue, bien qu’elle analyse parfois, ni artiste, malgré ses scintillements. Rachilde appartient à la catégorie qui, selon des esprits très affinés et un peu dégoûtés, est la plus intéressante. Elle écrit des pages sincères, uniquement pour exciter et aviver ses frissons. Son livre n’est qu’un prolongement de sa vie. Pour les écrivains de cet ordre, le roman n’est qu’un moyen de manifester des sentiments que l’ordinaire de la vie les oblige à refréner, ou au moins à ne pas divulguer.

Peut-être Monsieur Vénus est-il dans le fond une histoire très réelle ; mais fût-ce un rêve, il témoignerait un état d’âme très particulier. J’ajoute que ces rêves-là sont extrêmement puissants. La femme qui rêve, qui pleure, qui conte un amour qu’elle désirerait avoir, ne tarde pas à le créer. Ces renversements de l’instinct, cette adoration devant un être misérable, joli comme un enfant, gras et débile comme une femme,