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monsieur vénus

sur Paris, son cerveau eût reçu une commotion terrible ; pourtant, à l’approche de ce bal, elle sortit peu à peu de sa torpeur. Sa tante avait bien remarqué son allure soucieuse, mais sans en chercher l’explication ; d’abord parce que l’explication de l’humeur de Raoule n’était pas dans l’ordre de ses dévotions quotidiennes, ensuite parce qu’elle comptait sur la fête en question, toujours très animée, pour distraire l’esprit changeant de son neveu.

Mlle de Vénérande daigna, en effet, surveiller et diriger les préparatifs. Elle déclara qu’on ouvrirait le salon du centre, ainsi que la pièce attenante à la serre où les fleurs exotiques, à l’éblouissante clarté du magnésium, apparaîtraient dans tout l’éclat de leurs véritables nuances, Raoule n’admettait pas qu’on pût donner un bal pour l’unique et monotone plaisir de réunir beaucoup de monde. Il lui fallait en plus l’attrait d’une originalité quelconque à offrir à ses invités.

En face la serre, dans la galerie de tableaux, un buffet, monté sur colonnettes de cristal, offrirait aux sportmen les plus