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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/205

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monsieur vénus

les plis des draperies, comme si le jour lui-même eût voulu prendre part à la fête des Vénérande.

Les aïeux en pourpoint, les aïeules en fraise Médicis, du haut de leurs cadres, avec l’épée ou l’éventail, semblaient se désigner l’un à l’autre les échantillons de la roture parisienne qu’ils voyaient défiler à leurs pieds.

Décidément la fête sportive avait tout mêlé, ceux qui descendaient d’Adam et ceux qui descendaient des croisades. L’architecte Martin Durand et la duchesse d’Armonville, Mme Élisabeth la chanoinesse, et Jacques Silvert, le fils de joie. Avec une merveille entente de gens qui veulent s’égayer, chacun suivant ses moyens, aux dépens d’autrui, tous échangeaient les plus gracieux sourires de bienvenue. Debout auprès du fauteuil monumental de sa tante, Mlle de Vénérande les recevait avec cette grâce un peu hautaine qui tenait bien plus du gentilhomme de jadis que de la femme simplement coquette.

L’étrange créature, lorsqu’elle abandonnait le domaine de la passion et cessait de