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monsieur vénus

du haut des frises les préludes d’une valse ; des couples s’ébranlèrent, et Raoule, profitant de l’agitation, s’éloigna de sa tante, suivie d’une petite cour. Jacques se pencha vers elle.

— Tu es bien belle… glissa-t-il ironiquement, mais je suis sûr que ta robe t’embarrassera pour danser !

— Tais-toi, Jacques ! supplia Mlle de Vénérande, éperdue, tais-toi ! Je croyais t’avoir appris autrement ton rôle d’homme du monde !

— Je ne suis pas un homme ! je ne suis pas du monde ! riposta Jacques, frémissant d’une rage impuissante ; je suis l’animal battu qui revient lécher tes mains ! Je suis l’esclave qui aime pendant qu’il amuse ! Tu m’as appris à parler pour que je puisse te dire ici que je t’appartiens !… Inutile de m’épouser, Raoule ; on n’épouse pas sa maîtresse, ça ne se fait pas dans tes salons !…

— Ah ! tu m’effrayes !….. maintenant, Jacques ! Est-ce ainsi que tu dois te venger ? Marie serait-elle morte ? Notre amour ne serait-il plus l’amour maudit ? N’ai-je pas