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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/277

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monsieur vénus

Il ramena son regard sur la terre. Des violettes perçaient çà et là le gazon. Alors, de même que les gouttes de pluie avaient semé des paillettes dans son obscur cerveau, de même les petits yeux sombres des fleurs à demi voilées mélancoliquement par les brins d’herbe comme par des cils, le rendirent plus obscur encore.

Il vit la terre maussade, fangeuse, et il frémit à la pensée d’être un matin couché là, pour ne jamais se relever.

Oui, certes, il l’avait offensée, cette femme ; mais cet homme, pourquoi lui avait-il fait si mal au cou ?…

Ensuite, rien n’était de sa faute !… La prostitution, c’est une maladie ! Tous l’avaient eue dans sa famille : sa mère, sa sœur ; est-ce qu’il pouvait lutter contre son propre sang ?…

On l’avait fait si fille dans les endroits les plus secrets de son être, que la folie du vice prenait les proportions du tétanos ! D’ailleurs, ce qu’il avait osé vouloir, c’était plus naturel que ce qu’elle lui avait appris !

Et il secouait au vent ses cheveux roux en pensant à ces choses ! Ils allaient poser