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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/37

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monsieur vénus

Vénérande, sans plus s’occuper de la toile, car, enfin, vous devriez casser des pierres, ce serait plus naturel.

Il se mit à rire niaisement, un peu déconfit d’entendre cette inconnue lui reprocher d’user de tous les moyens possibles pour gagner sa vie ; puis, pour répondre quelque chose :

— Bah ! fit-il, ça n’empêche pas d’être un homme !

Et la blouse, toujours ouverte, laissait voir sur sa poitrine les frisons dorés,

Une douleur sourde traversa la nuque de Mlle de Vénérande. Ses nerfs se surexcitaient dans l’atmosphère empuantie de la mansarde. Une sorte de vertige l’attirait vers ce nu. Elle voulut faire un pas en arrière, s’arracher à l’obsession, fuir… Une sensualité folle l’étreignit au poignet… Son bras se détendit, elle passa la main sur la poitrine de l’ouvrier, comme elle l’eût passée sur une bête blonde, un monstre dont la réalité ne lui semblait pas prouvée.

— Je m’en aperçois ! fit-elle, avec une hardiesse ironique.