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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/45

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monsieur vénus

de Versailles. Les fenêtres, à croisillons étroits, descendaient toutes jusqu’au parquet, montrant, derrière la légèreté des mousselines et des guipures, d’énormes balcons de fer forgé agrémentés d’arabesques bizarres. Devant ces balcons s’étendait, coupée par la grille d’entrée, une mosaïque de plantes essentiellement parisiennes, de ces plantes aux verdures de tons neutres résistant à l’hiver, qui forment des bordures si justes, que l’œil le plus exercé ne saurait se heurter à un seul brin d’herbe dépassant. Les murs gris semblaient s’ennuyer, les uns en présence des autres, et cependant, un enchanteur, pour vexer une dévote, en retournant ces façades blasonnées, aurait causé plus d’une surprise aux manants égarés dans la noble avenue. Ainsi la chambre à coucher de la nièce, aile droite, et celle de la tante, aile gauche, mises subitement à ciel ouvert, eussent fait pâmer d’aise un amateur d’oppositions picturales.

La chambre de Raoule était capitonnée de damas rouge et lambrissée, aux pourtours, de bois des îles sertis de cordelières de soie. Une panoplie d’armes de tous