Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
monsieur vénus

pour l’humanité fangeuse en termes très choisis et lui fit atteindre ses quinze ans dans la solitude la plus complète.

À l’heure des initiations sensuelles, la tante Élisabeth, la chanoinesse, n’aurait jamais pu croire que son baiser de prude ne suffisait plus aux secrètes ardeurs de la vierge confiée à ses soins religieux.

Un jour, Raoule, courant les mansardes de l’hôtel, découvrit un livre ; elle lut, au hasard. Ses yeux rencontrèrent une gravure, ils se baissèrent, mais elle emporta le livre… Vers ce temps, une révolution s’opéra dans la jeune fille. Sa physionomie s’altéra, sa parole devint brève, ses prunelles dardèrent la fièvre, elle pleura et elle rit tout à la fois. Mme Élisabeth, inquiète, craignant une maladie sérieuse, appela les médecins. Sa nièce leur défendit sa porte. Pourtant, l’un d’eux, très élégant de sa personne, spirituel, jeune, fut assez adroit pour se faire admettre auprès de la capricieuse malade. Elle le pria de revenir et il n’y eut, d’ailleurs, pas d’amélioration dans son état.

Élisabeth recourut aux lumières de