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Page:Rachilde - Monsieur Venus, Brossier, 1889.djvu/52

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monsieur vénus

tion d’un projet formé dans le parcours de la rue de la Lune à son hôtel. Elle en avait fait la confidence à sa tante, et celle-ci, après des objections timides, en avait, comme toujours, référé aux cieux. Raoule lui décrivit, d’une manière détaillée, la misère de l’artiste. Quelle pitié ne serait point émue à l’aspect du taudis de Jacques ? Comment pourrait-il travailler là-dedans, avec sa sœur presque infirme ? Alors Élisabeth avait promis de les recommander à la Société de Saint-Vincent-de-Paul et d’envoyer des dames de charité aussi titrées que secourables.

— Ouvrons notre bourse, ma tante, s’était écriée Raoule, exaltée par sa propre audace. Faisons une aumône royale, mais faisons-la dignement ! Mettons ce peintre qui a du talent (ici Raoule avait eu un sourire) dans un milieu vraiment artistique. Qu’il puisse gagner son pain sans avoir la honte de l’attendre de nous. Assurons-lui tout de suite l’avenir. Qui sait si, plus tard, il ne nous le rendra pas au centuple ! Raoule parlait avec chaleur.

— Il faut, se dit tante Élisabeth, que