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Page:Racine - Œuvres, t5, éd. Mesnard, 1865.djvu/441

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NOTICE.

remis à la Bibliothèque du Roi (c’était en 1756), il est fait mention, parmi les Manuscrits, de la Traduction d’une partie du Banquet de Platon et de quelques morceaux de la République. Si ce don précieux de Louis Racine se trouvait encore aujourd’hui à la Bibliothèque, où il avait été déposé, l’écriture du manuscrit suffirait sans doute pour démontrer l’anachronisme commis par les Mémoires sur la vie de Jean Racine. Mais comme des preuves d’autre nature surabondent, le manuscrit nous aurait surtout été utile pour établir le texte dans toute sa pureté ; il nous aurait donné d’ailleurs, outre le Banquet, des fragments de la République, qui nous sont inconnus, et qui devaient avoir été traduits à une époque antérieure. Mais il s’est égaré, et depuis longtemps. Au commencement de ce siècle, la disparition en était constatée par Mouchet, premier employé aux manuscrits de la Bibliothèque. Nous n’avions donc aucun moyen de contrôler l’exactitude de l’édition de 1732 ; notre texte y est fidèlement conforme, ce qu’on ne peut pas toujours dire de celui qu’ont donné les précédentes éditions des Œuvres de Racine.

Luneau de Boisjermain est le premier qui ait joint aux Œuvres de Racine la partie du Banquet que notre auteur a traduite. Elle est aux pages 413 et suivantes de son tome V. Dans une courte préface, qui précède le Banquet, l’éditeur s’exprime ainsi : « Nous ne dirons rien de cette traduction ; c’est un ouvrage de la jeunesse de Racine, auquel il travailla sans goût et sans plaisir. » Luneau de Boisjermain avait trop facilement accepté l’assertion de Louis Racine ; et la manière dont il parle d’un travail très-remarquable par le style prouve qu’il ne l’avait pas lu avec attention. Nous avons vu que les éditeurs de 1807 avaient été mieux informés ; en général leur critique était plus attentive et plus sûre.

Geoffroy (tome VI, p. 445 et suivantes) a donné, non-seulement cette partie du Banquet qui a été traduite par Racine, mais celle qui, dans l’édition de 1732, appartient à Mme de Rochechouart. Cela ne lui a pas encore semblé suffisant. L’abbé d’Olivet avait jugé à propos de supprimer, dans la traduction de la docte abbesse, le discours d’Alcibiade, pour se conformer à l’avis exprimé dans la lettre de Racine à Boileau. Geoffroy a voulu combler cette lacune, et n’a pas