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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/112

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d’amertume, il dit avec colère à Kêkéyî : « Scélérate, femme aux voies corrompues, que t’a fait Râma, ou que t’ai-je fait, destructrice de ma famille, ô toi, de qui les vues sont toutes criminelles ? N’est-ce pas à toi qu’il rend ses hommages, avant même de les rendre à Kâauçalyâ ? Pourquoi donc es-tu si acharnée à la ruine de Râma ?

« Que j’abandonne, ou Kàauçalyâ, ou Soumitrâ, ou ma royale splendeur et ma vie, soit ! mais non ce Râma, si plein d’amour filial. C’est assez ! renonce à ta résolution, femme aux desseins criminels : tu le vois ! je touche avec mon front tes pieds mêmes ; fais-moi grâce ! »

Le cœur déchiré à ce discours d’une grande amertume, à ces mots épouvantables même de son épouse, le roi consterné avait l’esprit égaré, les traits de son visage convulsés, tel qu’un buffle vigoureux, assailli par une tigresse. Lui, ce dominateur du monde, ce protecteur des malheureux, il tomba sur la terre, embrassant les pieds de sa femme, dont les mains, pour ainsi dire, serraient son cœur d’une pression douloureuse, et, d’une voix sanglotante, il jetait ces mots : « Grâce, ô ma reine ! grâce ! »

Tandis que le grand roi, dans une posture indigne de lui, était gisant à ses pieds mêmes, Kêkéyî jeta encore ces mots si durs, elle sans crainte à lui portant l’effroi dans ses yeux, avec le trouble dans son âme triste et malheureuse : « Toi, de qui les sages vantent continuellement la vérité dans les paroles et la fidélité dans la foi jurée, pourquoi, seigneur, quand tu m’as accordé ces deux grâces, hésites-tu à m’en donner l’accomplissement ? »

Irrité de ces paroles de Kêkéyî, le roi Daçaratha lui répondit alors, plein d’émotion et gémissant : « Femme