Aller au contenu

Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tout enveloppée à la fois de colère et de chagrin, éclata en pleurs, arrosant le désespoir avec les gouttes brûlantes de ses larmes.

Quoiqu’elle fût ainsi tourmentée, larmoyante, amèrement désolée, Râma ne se décida pas encore à lui permettre de partager son exil ; mais il arrêta ses yeux un instant sur l’amante éplorée, baissa la tête et se mit à rêver, considérant sous plusieurs faces les peines semées dans un séjour au milieu des bois.

La source, née de sa compassion pour sa bien-aimée, ruissela de ses yeux, où débordaient ses tristes pleurs, comme on voit la rosée couler sur deux lotus. Il releva doucement cette femme chérie de ses pieds, où elle était renversée, et lui dit ces paroles affectueuses pour la consoler :

« Le ciel même sans toi n’aurait aucun charme pour moi, femme aux traits suaves ! Si je t’ai dit, ô toi, en qui sont rassemblés tous les signes de la beauté, si je t’ai dit, quoique je pusse te défendre : « Non, je ne t’emmènerai pas ! » c’est que je désirais m’assurer de ta résolution, femme de qui la vue est toute charmante. Et puis, Sîtâ, je ne voulais pas, toi, qui as le plaisir en partage, t’enchaîner à toutes ces peines qui naissent autour d’un ermitage au sein des forêts. Mais puisque, dans ton amour dévoué pour moi, tu ne tiens pas compte des périls que la nature a semés au milieu des bois, il m’est aussi impossible de t’abandonner qu’au sage de répudier sa gloire.

« Viens donc, suis-moi, comme il te plaît, ma chérie ! Je veux faire toujours ce qui est agréable à ton cœur, ô femme digne de tous les respects !

« Donne en présents nos vêtements et nos parures aux