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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/152

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duite ; mais ce monarque-ci, quelle raison a-t-il de chasser Râma, un fils plein de vertus ? »

Il dit ; à ces paroles de Siddhârtha, le roi Daçaratha, d’une voix, que troublait sa douleur, tint à Kêkéyî ce langage : « Je renonce à mon trône et même aux plaisirs, je vais en personne accompagner Râma ; toi, ignoble femme, jouis à ton aise et longtemps de cette couronne avec ton Bharata ! »

Ensuite, Kêkéyî apporta de ses mains les habits d’écorce, et, s’adressant au fils de Kâauçalyâ : « Revêts-toi ! » lui dit cette femme sans pudeur dans l’assemblée des hommes.

Aussitôt le jeune prince, ayant quitté ses vêtements du plus fin tissu, endossa les habits d’anachorète, qu’il prit aux mains de Kêkéyî. Après lui, de la même manière, le héros Lakshmana, dépouillant son resplendissant costume, s’habilla avec cette écorce vile sous les yeux de son père.

À l’aspect de ces enveloppes grossières, que lui présentait Kêkéyî, afin qu’elle s’en revêtît elle-même, au lieu de cette robe de soie jaune, dont elle était gracieusement parée, la fille du roi Djanaka rougit de confusion, et, réfugiée à côté de son époux, cette femme au charmant visage les reçut, toute tremblante comme une gazelle qui se voit emprisonnée dans un filet.

Quand Sîtâ eut pris ces vêtements d’écorce avec des yeux voilés par ses larmes, elle dit à son mari, semblable au roi des Gandharvas : « Comment faut-il m’y prendre, noble époux, dis ! pour attacher autour de moi ces vêtements d’écorce ? »

À ces mots, elle jeta sur ses épaules une partie de l’habillement. La princesse de Mithila prit ensuite la seconde