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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/209

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Mais ne viens-tu pas ennemi attaquer Râma aux bras infatigables ? En effet, ton armée, comme je la vois, infiniment redoutable, excite en moi cette inquiétude. »

À Gouha, qui parlait ainsi, Bharata pur à l’égal du ciel tint ce langage d’une voix suave : « Puisse ce temps n’arriver jamais ! Loin de moi une telle infamie ! Ne veuille pas me soupçonner d’inimitié à l’égard du noble Raghouide ; car ce héros, mon frère aîné, est égal devant mes yeux à mon père. Je marche, afin de ramener des forêts, qu’il habite, ce digne rejeton de Kakoutstha ; une autre pensée ne doit pas entrer dans ton esprit : cette parole que je dis est la vérité. »

Le visage rayonnant de plaisir à ce langage de Bharata, le roi des Nishâdas répondit ces mots à l’auteur de sa joie : « Heureux es-tu ! Je ne vois pas, sur toute la face de la terre, un homme semblable à toi qui veux abandonner un empire tombé dans tes mains sans nul effort. Ta gloire, assurément, ô toi, qui veux ramener dans Ayodhyâ ce Râma précipité dans l’infortune ; oui ! ta gloire éternelle accompagnera la durée des mondes ! »

Tandis que les deux rois s’entretenaient ainsi, le soleil ne brilla plus qu’avec des rayons près de s’éteindre, et la nuit s’approcha.

Quand il eut habité sur la rive de la Gangâ cette nuit seule, Bharata, le magnanime, étant sorti de sa couche à l’aube naissante : « Lève-toi ! dit-il à Çatroughna ; lève-toi ! la nuit est passée : pourquoi dors-tu ? Vois, Çatroughna, le soleil, qui se lève, qui chasse les ténèbres et qui réveille la fleur des lotus ! Amène-moi promptement Gouha, qui règne sur la ville de Çringavéra : c’est