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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/243

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n’en ramena point davantage son esprit vers la pensée du retour, mais il demeura ferme, sans quitter des yeux la parole de son père. À l’aspect d’une constance si admirable dans ce digne enfant de Raghou, tous les cœurs se trouvaient également partagés entre la tristesse et la joie : « Il ne revient pas dans Ayodhyâ ! » se disait-on ; et le peuple en ressentait de la douleur, mais il éprouvait du plaisir à lui voir cette fermeté dans la promesse donnée à son père.

Bharata, tombant aux pieds de son frère, essaya instamment de le gagner avec des paroles caressantes.

Râma fit asseoir sur le siége musculeux de sa cuisse le jeune homme au teint azuré, aux yeux charmants comme les pétales du lotus, à la voix semblable au roucoulement du cygne, quand il s’avance ivre d’amour, et lui tint ce langage :

« Telle qu’elle est, ton intelligence, qui tient de sa nature seule la science de gouverner les hommes, peut très-bien suffire à gouverner même les trois mondes. Écoute, jeune roi, quels modèles Indra, le soleil, le vent, Yama, la lune, Varouna et la terre mettent sous nos yeux dans leur conduite invariable. Tel qu’Indra fait pleuvoir durant les quatre mois humides, tel un grand monarque doit inonder son empire de ses bienfaits. De même que le soleil ravit l’eau huit mois par la puissance de ses rayons, il faut toujours qu’un roi dise : « Puissé-je amasser ainsi des trésors avec justice ! » c’est le vœu, qu’on appelle solaire. Comme le vent circule partout et pénètre dans tous les êtres, il faut qu’un roi s’introduise en tous lieux par ses émissaires, et c’est la partie de ses fonctions que l’on appelle ventale. Tel qu’Yama, une fois l’heure venue, pousse dans la tombe également l’ami