Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/264

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« Il gèle ; le vent est âpre, la terre est couverte de fruits ; les eaux ne donnent plus de plaisir et le feu est agréable. C’est le temps où ceux qui mangent de l’offrande, quand ils ont honoré les Dieux et les Mânes avec un sacrifice de riz nouveau, sont tous lavés de leurs souillures.

« Nos jours s’écoulent aimables, purs, d’un pied hâté : ils ont des passages difficiles, qu’on traverse avec peine le matin, mais ils sont pleins de charme, quand le temps amène le milieu du jour. Maintenant, frappées d’un soleil sans chaleur, couvertes de gelée blanche, frissonnantes d’un vent froid et piquant, l’éclat des neiges tombées la nuit fait briller au matin les forêts désertes.

« Le soleil, qui se lève au loin et dont les rayons nous arrivent, enveloppés de la neige ou des brumes, apparaît maintenant sous l’aspect d’une autre lune. Sa chaleur, insensible au matin, paraît douce au toucher vers le milieu du jour ; et, sur le soir, il se colore d’une rouge qui tourne légèrement à la pâleur.

« Dans la ville, en ce moment, par attachement pour toi, Bharata, consumé de sa douleur, Bharata, le Devoir même en personne, se livre à de pénibles mortifications. Abandonnant et son trône, et les voluptés, et toutes les choses des sens, se frustrant même de nourriture, ce noble pénitent couche sur la froide surface de la terre. Sans doute, environné des sujets, que leur dévouement rassemble autour de lui, il se rend à cette heure même au fleuve Çarayoû, mais son cœur s’élance vers cette rive où nous sommes, pour y faire avec nous ses ablutions.

« L’homme n’imite point les exemples que lui donne son père, mais le modèle qu’il trouve dans sa mère, »