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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/291

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la grande lutte avec Râma, joignit les mains, et, l’esprit hors de lui-même, parce qu’il avait éprouvé toute la vigueur du héros, tint à Râvana ce langage salutaire, convenable, dicté par la vérité.

« Sire, il est aisé de rencontrer des hommes qui ne disent jamais que des choses agréables : au contraire, il est difficile de trouver un homme qui sait dire ou entendre une chose désagréable, mais utile. Renseigné par des espions négligents, tu ne sais pas sans doute comme est le courage, comme est la vigueur de ce Râma, semblable, soit à Varouna, soit au grand Indra même. Si la guerre s’allume entre vous deux, sache, roi des Rakshasas, que ton peuple entier va flotter dans un extrême péril.

« Fasse le ciel que le salut soit pour tous les Rakshasas sur la terre ! Fasse le ciel, mon ami, que Râma dans sa colère ne jette pas tous les Rakshasas hors du monde ! Fasse le ciel que cette fille du roi Djanaka ne soit pas née pour être comme la fin de ta vie ! Fasse le ciel qu’une grande infortune ne tombe pas sur toi à cause de Sîtâ !

« Râma n’est pas un cœur dur, mon ami, ce n’est pas un insensé ; il n’est point esclave des sens : ce que tu as dit, Rakshasa, n’est pas vrai, ou tu as mal entendu.

« Ayant su que l’ambitieuse Kêkéyî avait trompé son père, de qui toute parole était une vérité : « Je ferai ce qu’il a promis ! » dit ce héros, le Devoir même en personne, et là-dessus il partit aussitôt, pour les forêts. C’est par le désir de faire une chose agréable à Kêkéyî et au roi son père qu’il abandonna son royaume et ses voluptés pour s’exiler dans la forêt Dandaka.

« Comment veux-tu lui ravir sa princesse du Vidéha, quand elle est défendue par son courage et sa vigueur ?