Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/300

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vois maintenant, fils de Soumitrâ, est une création de la magie, j’emploierai tous les moyens pour la tuer, car elle est fortement l’objet de mes désirs. Ni dans les bosquets charmants du Nandana, ni dans les bocages du Tchaîtraratha, il est impossible de voir une gazelle qui ait une beauté égale à la beauté de cette gazelle : combien moins, fils de Soumitrâ, n’en pourrait-on voir sur la terre !

« Cette gazelle ressemble à de l’or épuré : on dirait que ses pieds sont de corail : des étoiles d’argent sont peintes sur l’or de son pelage et deux lunes demi-pleines s’argentent sur ses flancs. En effet, de qui ne séduirait-elle point l’âme par sa beauté nonpareille, cette gazelle au corps infiniment gracieux, au visage de nacre et de perle ?

« Mais, si la gazelle que voici est la même qui a tué, comme tu me dis, Lakshmana, des chasseurs venus l’arc en main dans ces bois ; si elle est ce magicien qui rôde sous une forme de gazelle dans les forêts et qui a massacré des fils de roi et des rois vigoureux, c’est encore à mon bras que sa mort est due, pour venger la mort donnée par elle à tant de princes qui vinrent exercer dans la chasse leur arc sans pareil !

« Je tuerai, moi ! cette reine des gazelles, on n’en peut douter ; mais toi, héros, veille ici d’un œil sans négligence sur la princesse de Mithila. Il ne faut pas que tu bouges d’ici jusqu’à mon retour en ces lieux ; car les Démons s’ingénient dans le bois à se travestir en mille formes ! »

Aussitôt que le rejeton et l’amour de Raghou eut fait ces recommandations à Lakshmana, il courut du côté où se trouvait la gazelle, bien résolu à lui donner la mort.