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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/325

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bités par les familles des oiseaux les plus variés, semblaient dire avec le bruit de leurs cimes émues : « Ne crains pas ! ne crains pas ! »

Irrités contre son ravisseur, les lions, les tigres, les éléphants, les gazelles couraient après Sîtâ dans la grande forêt et marchaient tous pêle-mêle derrière son ombre. Quand le soleil consterné vit ce rapt de l’auguste Vidéhaine, son disque pâlit et son brillant réseau de lumière disparut.

« Il n’y a plus de justice ! D’où viendra maintenant la vérité ? Il n’y a plus de rectitude ! Il n’est plus de bonté ! » Ainsi, partout où Râvana emportait l’épouse de Râma, ainsi gémissaient dans le ciel toutes les créatures, à la vue de cette violence infligée à l’illustre Vidéhaine, qui appelait de sa voix aux syllabes douces : « Hâ ! Lakshmana !… à moi, Râma ! » et qui jetait, hélas ! toujours en vain, des regards multipliés sur toute la surface de la terre.


Chemin faisant, la sage Vidéhaine, enlevée dans le sein de Râvana, dit en pleurant, ses yeux rouges de larmes et de colère, au monarque des Rakshasas, de qui les yeux inspiraient la terreur : « Tu montres bien ici, roi des Rakshasas, ton courage sans pareil ! Cette prouesse, vil Démon, ne te fait-elle pas rougir, toi, qui veux m’enlever, abusant de la force et sachant que je suis abandonnée ! C’est toi qui, voulant me ravir à mon époux, que tu n’osais affronter, oui ! c’est toi, âme corrompue, qui le fis écarter de sa chaumière avec ce prestige d’une gazelle, ouvrage de la magie ! Tu montres bien ici, roi des Rakshasas, ton courage sans pareil ! Tu m’as conquise, vraiment ! dans un noble combat, où ton nom fut proclamé à haute voix ! Ce cri, qui ressemblait à la voix de Râma,