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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/357

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à Lakshmana : eh bien ! que Râma les perce tous à la fois d’une seule flèche et je crois à l’instant qu’il peut tuer Bâli ! »

À ces mots, Râma de répondre en ces termes à Sougriva :

« Je veux connaître dans la vérité quelle fut la cause de ton infortune ; car je ne puis, ô toi, qui donnes l’honneur, balancer le fort avec le faible, ni arrêter comme il faut toutes mes résolutions, sans connaître bien l’origine de cette inimitié qui vous divise à tel point. »

À ces paroles du magnanime Kakoutsthide, le roi des singes se mit d’un visage riant à raconter au frère aîné de Lakshmana toutes les circonstances de cette rivalité fraternelle :

« Bâli, comme on appelle ce farouche immolateur des ennemis, Bâli est mon frère aîné. Il fut toujours en grand honneur devant mon père et dans mon estime. Quand notre père fut allé se reposer dans la tombe : « Bâli, se dirent les ministres, est son fils aîné. Il fut donc sacré, d’un consentement universel, monarque et seigneur des peuples singes ; et moi, tandis qu’il gouvernait ce vaste empire de mon père et de mes aïeux, je lui fus toujours et dans toutes les affaires un serviteur obéissant.

« Doundoubhi avait un frère aîné, Asoura d’une grande force appelé Mâyâvi : entre celui-ci et mon frère une femme, qu’ils se disputaient, alluma, comme on sait, une terrible inimitié. Un jour, à cette heure de la nuit où chacun dort, le Démon vint à la porte de la caverne Kishkindhyâ. Il se mit à rugir dans une violente colère et défia Bâli au combat. Mon frère entendit au milieu des ténèbres ce rugissement d’un bruit épouvantable ; et, tombé sous le pouvoir de la colère, il s’élança hors de la gueule