Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/59

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« À ces mots de Vaçishtha, la vache, instruite à parler, répondit modestement au saint brahme, environné d’une splendeur infinie : « La force du kshatrya n’est pas supérieure, dit-on, à la force du brahme. La puissance du brahme est céleste et l’emporte sur la puissance du kshatrya. Tu possèdes une force incalculable : ce Viçvâmitra à la grande vigueur n’est point, ô brahme, plus fort que toi : il est difficile de lutter contre ton invincible énergie. Donne-moi tes ordres, à moi, que ta puissance a fait naître, éblouissant anachorète ; commande que je détruise la force et l’orgueil du monarque injuste. »

« À ce discours de sa vache : « Allons ! dit Vaçishtha, l’ermite aux bien grandes macérations, allons ! produis une armée qui mette en pièces l’armée de mon ennemi ! »

« Alors, vaillant prince, enfantés par centaines de son mugissement, les Pahlavas[1] se mirent à porter la mort, sous les yeux mêmes du roi, dans toute l’armée de Viçvâmitra : mais lui, pénétré de la plus vive douleur et les yeux enflammés de colère, extermina ces Pahlavas avec différentes sortes d’armes.

« À l’aspect de Viçvâmitra moissonnant par centaines ses Pahlavas, Çabalâ en créa de nouveau ; et ce furent les formidables Çakas[2], mêlés avec les Yavanas[3].

« Toute la terre fut couverte de ces deux peuples unis,


  1. Les Perses, suivant l’opinion commune ; les Paktyes d’Hérodote, selon M. Lassen, peuple qui habitait sur les confins de l’Inde, au nord et à l’ouest.
  2. Peuple nomade, les Scythes des Grecs.
  3. Après l’âge d’Alexandre, ce nom fut appliqué aux Grecs. Il indique, suivant Schlegel, d’une manière indéfinie, les peuples situés au delà des Perses à l’occident.