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Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/77

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s’en faut qu’elle suffise pour encocher la flèche et tirer la corde. »

À ce discours du roi Djanaka, Viçvâmitra, qui personnifiait le devoir en lui-même, reprit aussitôt d’une âme charmée : « Héros aux longs bras, empoigne cet arc céleste ; déploie ta force, noble fils de Raghou, pour lever cet arc, le roi des arcs, et décocher avec lui sa flèche indomptée ! »

Sur les paroles du solitaire, aussitôt Râma s’approcha de l’étui, où cet arc était renfermé, et répondit à Viçvâmitra : « Je vais d’une main lever cet arc, et, quand je l’aurai bandé, j’emploierai toute ma force à tirer cet arc divin ! »

« Bien ! » dirent à la fois le monarque et l’anachorète. Au même instant, Râma leva cette arme d’une seule main, comme en se jouant, la courba sans beaucoup d’efforts et lui passa la corde en riant, à la vue des assistants, répandus là près de lui et par tous les côtés. Ensuite, quand il eut mis la corde, il banda l’arc d’une main robuste ; mais la force de cette héroïque tension était si grande qu’il se cassa par le milieu ; et l’arme, en se brisant, dispersa un bruit immense, comme d’une montagne qui s’écroule, ou tel qu’un tonnerre lancé par la main d’Indra sur la cime d’un arbre sourcilleux.

À ce fracas assourdissant, tous les hommes tombèrent ; frappés de stupeur, excepté Viçvâmitra, le roi de Mithilâ et les deux petits-fils de Raghou. — Quand la respiration fut revenue libre à ce peuple terrifié, le monarque, saisi d’un indicible étonnement, joignit les mains et tint à Viçvâmitra le discours suivant : « Bienheureux solitaire, déjà et souvent j’avais entendu parler de Râma, le fils du roi Daçaratha ; mais ce qu’il vient de faire ici est