Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/102

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toutes les couleurs se promenaient dans le village.

Des drapeaux rouges à croix blanche et d’autres verts et blancs flottaient aux fenêtres de la salle à boire ; il y avait aussi des lanternes de papier pendues sur le perron. Tout autour du rond de danse, des branches de sapin qui sentaient la poix cachaient la charpente. Les enfants tiraient des pétards ; des charrettes aux brancards relevés attendaient devant les maisons ; et le crépuscule était rose. Enfin la nuit tomba.

Aline et Julien écoutaient la musique. Elle leur arrivait nette ou presque indistincte, selon que la brise hésitante la poussait jusqu’à eux ou la laissait retomber. Elle sortait de l’ombre et elle était triste.

Julien disait :

— Voilà qu’ils dansent une polka… à