Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/183

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s’en va. Il n’y a plus qu’un petit enfant sur une table. Elle souriait parfois comme au temps de son bonheur. Elle chantait :


Dodo, l’enfant do,
L’enfant dormira bientôt,
Dodo, l’enfant do,
Pour avoir du bon gâteau.


Mais son sourire ne s’ouvrait qu’à grand’peine comme sous un fardeau, et sa voix retombait comme un oiseau dans sa cage, parce que l’enfant pleurait. Il était si malingre qu’il faisait pitié.

Et sa douleur revenait. Et un soir encore ce fut la musique au village. Aline était assise près du berceau. On dansait à l’auberge, et ses souvenirs l’entraînèrent en arrière jusque sous le grand poirier. Et une autre fois qu’elle fouillait dans un tiroir, ce furent les boucles d’oreilles que Julien lui