Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/190

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fant demeurait engourdi sous ses couvertures ; seuls, ses yeux remuaient sans voir.

Vers onze heures, Henriette alla se coucher un moment, car elles veillaient chacune à son tour. Aline s’accouda près du berceau. Elle avait perdu conscience de ce qui l’entourait. Elle regarda son enfant. Elle pensa : « Quel nom est-ce que je vais lui donner, à ce petit ? Henri, à cause d’Henriette… ou bien peut-être… non. Il faudra, en tous cas, qu’on le baptise avant trois mois. » Mais elle se reprit bien vite : « Ah ! c’est vrai, il est trop malade, il faut attendre de voir. »

Et puis elle pensa : « Il a une bien grosse tête et les yeux tout collés ; mais il a un peu moins de poils par la figure quand même. C’est des poils qui tombent vite, on ne les verra bientôt plus. »

Alors elle se leva et se mit à marcher