Page:Ramuz - Aline, 1905.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sont tombées, mais qui tient ferme encore à la muraille et résiste au vent.

Puis les jours firent des semaines et les semaines des mois. Elle allait, dans le village, entrant à la boulangerie acheter son pain et à la boutique son café ; les femmes la suivaient du regard, curieuses ; et les enfants avaient peur d’elle, à cause de ses yeux qui s’étaient enfoncés. On ne voyait plus que deux trous noirs sous ses gros sourcils. Et sa peau faisait des plis sur ses os.

Le matin, elle était au cimetière. C’est un endroit plein d’oiseaux, de fleurs et d’ombre, qui semble rire. Il a un vieux mur qui croule pierre à pierre parmi les orties et les coquelicots. Des ifs et des saules-pleureurs ombragent les tombes aux noms effacés ; les couronnes de verre, suspendues aux croix de bois, tintent